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samedi 23 juillet 2011

Bottom line


Quinze jours. Deux scanners, un IRM. Une dizaine de bouquins, choisis pour moi avec le plus grand soin. Deux ou trois kilos en moins. La folie douce de Kenzaburô Ôe. Une oreille morte. Des heures passées à dormir. Un équilibre qui revient doucement. Douze grammes d’antibiotiques par jour, « comme pour une méningite ». Deux fois la visiteuse médicale, très dame patronnesse. Six fois la pose de cathéters. L’aumônier. Pisser toutes les deux ou trois heures. Une rencontre. Dix pages dans Word.

Quatorze nuits entre parenthèses.

Beaucoup de sérénité.

Je passe à autre chose !

vendredi 22 juillet 2011

Le grand équipage


Visite hebdomadaire des médecins. Ils filent dans le sillage du patron, le chir’, barbe poivre et sel.

Conciliabule devant le lit de Monsieur K***, ils parlent de lui comme s’il n’était pas là. Pour ça je les déteste, il est aphasique, pas demeuré… L’assistante sociale a mis la main sur son vieux passeport (périmé depuis dix ans) ils vont lui faire une demande de titre de séjour. Il est en situation irrégulière ? Bon, je me calme, ils œuvrent pour lui en fin de compte.

Et pendant ce temps Guéant, la petite gagneuse du faubourg Saint-Honoré, persiste malgré un démenti cinglant de l’INSEE à parler de fils d’émigrés plus souvent en échec scolaire que les autres.

Et pendant ce temps Marine assure les journalistes que non, sur le tract de 2007, la mention de l’augmentation du nombre de fils d’immigrés dans les rangs de l’armée n’avait rien de péjoratif.

Je commence à rêver d’un 21 avril à l’envers, la droite obligée de voter socialiste… Parce que mine de rien « j’aime pas trop les menteurs et les fils de pute… ».

jeudi 21 juillet 2011

Après-demain

J’offre un café à monsieur K***, pas en forme.

Je taxe pour lui une cigarette, je suis sa voix pour encore une trentaine d’heures.

Après-demain la quille, ma vie nouvelle… Il va falloir que je lui dise au revoir. Sans faire de promesses.

J'appréhende un peu.

mercredi 20 juillet 2011

Gloria

Visite (en chambre) de l’aumônier de la chapelle. Je suis sauvé ! Il va prier pour moi.

Homme charmant au demeurant, s’il avait la moindre idée de…

Mais chut, je me fends d’un « Mon Père » de circonstance. On parle santé, du cerveau, quelle-belle-machine-merci-mon-Dieu...

mardi 19 juillet 2011

"Le gras c'est la vie !"


Déjà une semaine et demie à tenir ce régime d’hôpital. J’ai perdu du poids, tous les aliments sont sans sel, le matin je dois presque mendier pour avoir une brique de jus d’orange en sus du maigre fromage blanc qui accompagne mon petit pain…

Les repas rythment ma journée. Je me jette sur la bouffe quand elle arrive, comme un animal, et je me sens bêtement coupable de mon appétit si peu distingué quand je réalise de quelle merde industrielle et insipide est composée mon alimentation…

Alors je compose, je prends un livre en main gauche et je picore mes plats en mettant entre l’assiette et moi toute la distance dont je me sente capable. Mais pathétique, je sauce jusqu’à la dernière goutte de leur vinaigrette pauvre en sodium… 

Je rêve de McDo, de mauvais kébabs  et de frites trop salées.

lundi 18 juillet 2011

Of birds and men


Assis dehors. Monsieur K*** me montre où nichent les pigeons, suit de la main un vol d’hirondelles et grogne « C’est beau ! ».

Je comprends à quoi il passe ses après-midi, pourquoi il est si bronzé. Il mate les oiseaux et les jolies infirmières… Je me tais pour une fois, pendant trente bonnes minutes.

V. il y a quelques jours remarquait qu’un hôpital est un peu comme une gare. Moi dans quelques jours je retrouve ma vie nouvelle. Je ne fais que passer. Lui est condamné à rester.

dimanche 17 juillet 2011

Ma thérapie


Réaction allergique au seul antibiotique que je pouvais prendre par voie orale. Je gagne un autre tour de manège,une semaine supplémentaire. Je suis déçu un instant, je peste, mais ce n’est pas si grave. J’ai des livres, de quoi écrire. Un nouveau boulot qui m’attend à ma sortie, motivant et bien payé (superbe ironie, je commence lundi prochain à La Défense…).

Et puis surtout, j’ai V… Qui se marre quand je lui explique, enthousiaste, que je ne me suis jamais senti aussi bien de ma vie. Oui, bon, j’ai perdu en deux jours jusqu’à la moindre trace d’audition et d’équilibre à droite mais franchement, ça me semble peu cher payé…

samedi 16 juillet 2011

Dehors


Je sors de la pochette de mon Lumix un chiffon doux pour nettoyer son écran. Monsieur K*** m’interroge. Je lui raconte que j’aime bien faire des images, écrire ce qui me passe par la tête. On descend ensemble dans le jardin de l’hôpital (ce qui nous prends bien un quart d’heure). On fait une belle paire d’éclopés…

On est bien. Il s’inquiète de ma santé, on parle perfusions. « Ils sont forts ces médecins quand même ! » Je réalise ma gaffe. « Enfin, certains… » et  on se marre tous les deux. Je bois de la Badoit. O joie cette nuit-là, d’avoir pissé autre chose que du glucose !

vendredi 15 juillet 2011

Bionolyte G5 (500 ml)

Je ne reconnais pas mon odeur et il me faut quelques jours pour comprendre pourquoi.

Je suis saturé de sodium à cause des perfs. Il fait depuis deux jours une chaleur à crever et ma transpiration pue le sel…

C’est très déroutant.

jeudi 14 juillet 2011

La nuit je mens...


Le jour, je rêve dès que je ferme les yeux d'un personnel hospitalier imaginaire dans des couloirs eux bien réels. L'effet combiné du traitement et de la fièvre. Alors le soir, forcément, le sommeil me fuit...

Gémissements dans une chambre voisine. Douleur cyclique, la vraie : « Wooo-ayaye... » et puis trois mots courts que je n’arrive pas à retranscrire. En boucle, comme un mantra. C’en est presque beau. Mais à longueur de nuit, ça fait surtout chier tout le monde…

mercredi 13 juillet 2011

35


Je passe devant Monsieur K***, gêné d’être si valide. Il me prend à partie par gestes, tu comprends, mal à la tête, le bras mort, la jambe faible, pas pouvoir baiser, c’est pas une vie ! J'abonde...

Je lance la conversation, s’il a des enfants. Me fait signe que oui, demande mon cahier et un stylo. Après quinze bonnes secondes de réflexion il trace un 2, difficilement. Et enchaine de suite sur un 5. « 25 ? C’est pas possible ! » Il acquièce, ajoute une jambe. "35". Naïf dans l’âme, je le crois un moment.

Il me fait signe de prendre un cahier à vues dans un porte-document. Son cahier de communication. J’ai sous les yeux toute son histoire… Ses deux prénoms, son âge. Comment il est venu de Turquie travailler sur les chantiers, il ne parlait pas encore français à l'époque. Enfin "parlait"...

Une dispute, coup de couteau dans la gorge (il me montre la cicatrice). Son agresseur, toujours en fuite, se planque au pays. Aphasie. Hémiplégie. En photo avec son chirurgien, avant l'opération, il a toujours ce bras en écharpe mais il est debout, mince, l'air vaillant. Sale contraste. Maintenant il a des crises d’épilepsie, des douleurs récurrentes, une insuffisance respiratoire. A son arrivée ici il était alité en permanence.

Au moins il y a du mieux. Il vit quand même à l'hôpital depuis 13 ans...

mardi 12 juillet 2011

En grève


Monsieur K*** déjeune puis part se promener. Ce matin il m’a aidé à régler un problème avec mon téléphone de chambre, il m'a suggéré par geste d’échanger nos combinés. Ca marche. Il commence à m’être bien sympathique…

Cet après-midi, j’ai une visite... Papotage, combiné sieste/lecture, promenade (ma première !). Retour en chambre. Du bruit, monsieur K*** revient encadré par trois jeunes personnes. Il a eu une crise, il est tombé. Il souffre, on sort.

A mon retour il est sédaté. Calme pour un temps. Mais à son réveil il est en colère. Il se lève, part dans le couloir, retombe. L’équipe le met en fauteuil, il veut rentrer dans le poste de soin...

« Do-or.
_ Oui, il est prévenu, il va venir. »

Il tort la bouche, répète avec conviction :
« Do-or !!!
_ L’autre docteur, l’opération qui a raté ? » Dans ma tête, un blanc…

Il manifeste avec ce qu’il a. Un fauteuil roulant et son refus de réintégrer la chambre.

J’apprends dans les couloirs qu’il est ici depuis trois ans. 


lundi 11 juillet 2011

Le violoniste


Mon voisin de chambrée. Je ne vois que ses mains cette première nuit, à travers les protections antichute de son lit. Des grosses mains d’ouvrier, puissantes, doigts carrés. Dans mon sommeil cassé je rêve qu’il est violoniste…

Il ne parle pas. Grogne. Un temps je pense aussi qu’il est sourd mais c’est parce que tout le monde lui parle trop fort comme on parle fort en pure perte aux sourds profonds et aux étrangers.

Il mange avec difficulté, a du mal à expliquer qu’il veut encore de la soupe. Pas très doué pour le mime non plus, il finit souvent par se lever. Il marche très lentement, un bras en écharpe. Il se redresse et va montrer ce qu’il souhaite du doigt.

Il est soigné, les cheveux poivre et sel. Il doit être là depuis quelques temps. Dans la modeste salle de bain tout le peu de place disponible est pris par ses rasoirs jetables, mousse à raser, champoing, après rasage… Il est arrivé préparé.

Aujourd'hui il est resté assis longtemps sur son lit, apparemment pressé d’attendre ses médicaments. Il passe des nuits à ronfler, rien ne le réveille, à peine le petit déjeuner du matin. Et il dort en plus la plus grande partie de la journée. Il est resté assis longtemps : « Non, c’est pas encore l’heure monsieur K*** ! ».

dimanche 10 juillet 2011

Deux litres de physio'

Sketch du grand black, vieux beau ramené par des pompiers de Paris après une chute dans ses escaliers. Il perd conscience en permanence, un caporal le réveille à chaque fois. Il n’a pas le droit de le laisser dormir, tout défoncé qu’il ait l’air, il vient peut-être de subir un trauma crânien. Or donc le pompier varie les stimulations (secousses, pressions derrière les oreilles, pincement du mollet etc.). Lui râle et parle de torture dans un français châtié coloré d’un accent très théâtral… Et non, il n’a rien pris « MAIS JE VOUS JURRRRE MONSIEUR ENFIN! ». Les « R » qui roulent.

Une fois pris en charge le personnel hospitalier le laisse s’endormir en position semi-couchée, sur un brancard. Je le retrouve dans la salle d’attente des soins. Des fauteuils fixés tout autours. Et des milliers de corps fatigués ont imprimé le gras des épaules et des têtes sur les murs au-dessus. Un peu comme Hiroshima, en crade. Oui, un peu moins tragique aussi.

J’attends quatre heures et demies, puis je suis pris en charge. Je note que ma perfusion a tendance à bouger toute seule...

samedi 9 juillet 2011

Off-sick (2)

La photo de mon post précédent, je ne comptais pas l’utiliser. Je l’avais prise comme ça, en jouant avec la surface bombée et polie de mon halogène. Elle ne correspondait à rien.

Passent quelques jours. Arrive une nuit de douleurs à dormir par paquet de dix minutes. Heureusement, égoïstement, je n’étais pas seul. Merci V…

Le matin suivant généraliste, traitement. Nausées. Vertiges. VERTIGES. A ne pas tenir autrement que couché, et les yeux fermés encore. Et là, tout à coup, la photo fait enfin sens. Je la mets donc péniblement en ligne, en matière d’excuses : je vais sans doute disparaître quelques jours. La suite ? Spécialiste, ambulance et l’accueil des urgences.

(A suivre...)

vendredi 24 juin 2011

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