lundi 11 juillet 2011

Le violoniste


Mon voisin de chambrée. Je ne vois que ses mains cette première nuit, à travers les protections antichute de son lit. Des grosses mains d’ouvrier, puissantes, doigts carrés. Dans mon sommeil cassé je rêve qu’il est violoniste…

Il ne parle pas. Grogne. Un temps je pense aussi qu’il est sourd mais c’est parce que tout le monde lui parle trop fort comme on parle fort en pure perte aux sourds profonds et aux étrangers.

Il mange avec difficulté, a du mal à expliquer qu’il veut encore de la soupe. Pas très doué pour le mime non plus, il finit souvent par se lever. Il marche très lentement, un bras en écharpe. Il se redresse et va montrer ce qu’il souhaite du doigt.

Il est soigné, les cheveux poivre et sel. Il doit être là depuis quelques temps. Dans la modeste salle de bain tout le peu de place disponible est pris par ses rasoirs jetables, mousse à raser, champoing, après rasage… Il est arrivé préparé.

Aujourd'hui il est resté assis longtemps sur son lit, apparemment pressé d’attendre ses médicaments. Il passe des nuits à ronfler, rien ne le réveille, à peine le petit déjeuner du matin. Et il dort en plus la plus grande partie de la journée. Il est resté assis longtemps : « Non, c’est pas encore l’heure monsieur K*** ! ».

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