Moi, mon père était de droite.
Aimait la viande. Le vin. A toujours regretté ne pas avoir signé un engagement avec l'armée après la fin de son service. A fait une prépa' militaire. A refusé de partir en Algérie. A fini dégradé, simple trouffion à Madagascar, à couper des cheveux, faire la sieste, se baigner. Aimait les armes à feu. Avait une vrai phobie des blessures par arme blanche ("A choisir je préférerais me prendre une balle qu'un coup de couteau"). A la fin pouvait pleurer comme un veau devant du bouldum'. Regardait trop la télé. Zappait du coup quand ça devenait dur. Savait allumer un feu. Choisir la viande à sa couleur. Chassait. Déposait les lapins pas vidés chez sa mère, qui en ferait un pâté. Aimait ses chiens. Maladroit, sifflait ses fils. Ému, a préféré se ridiculiser devant ses potes, tirant en l'air plutôt que de descendre un chevreuil immanquable, même pour un mauvais fusil (ce qu'il n'était pas). A démissionné quand Bouygues père à commencé à donner du mauvais béton à de vrais futurs pauvres. Conduisait beaucoup trop vite, avec ou sans nous : mon sourire irrépressible quand il accélérait bien au-delà du raisonnable, joie partagée avec mon frère...
Moi, mon père était de droite.
