jeudi 28 novembre 2013

Paradis


Elle a la gentillesse de retenir le portillon, la parfaite inconnue qui me précède. Blonde, le visage fatigué, elle reste tournée vers moi un quart de seconde de trop. Je devine qu'elle me veut quelque-chose. Je me raidis donc, me prépare à répondre à l'habituel "Vous n'auriez pas une petite pièce ?" qui ponctue mes trajets.

A la place, une remarque : "Le meilleur c'est Paradis." Je la fais répéter, je ne comprends pas. "Le meilleur c'est Paradis."

Pas de place à l'enthousiasme dans sa remarque, elle me fait cadeau de son évidence, gratuite, généreuse. Je la remercie, elle retourne à sa vie, moi à ma journée de travail qui commence.

Petit trait d'union de littérature : je lisais Toni Morrison en marchant.


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