jeudi 22 août 2013

Mug shots

Il sourit, goguenard. Elle ferme à demi les yeux, défoncée. Il pleure.

Les mug shots, photos de police prises lors de l'arrestation d'un suspect aux Etats-Unis, sont accessibles en ligne. On peut les consulter comté par compté, nom, date et motif en évidence. Officiellement pour protéger les citoyens. 

Ils ont été arrêtés pour possession de marijuana ou de cocaïne, avec ou sans intention d'en faire commerce. Pour violences, vol de voiture, attaque à mains armée, violation de domicile. Pour avoir consciemment conduit sans permis. Pour ne s'être pas présenté à une audience. Pour avoir n'avoir pas respecté une priorité à droite. Pour prostitution. Leur culpabilité n'a pas encore été établie : certains parmi eux sont innocents lorsque la photo est prise, puis mise en ligne. 

Ils sont indifféremment jeunes ou vieux. Blancs, noirs, latinos, asiatiques, mais manifestement pas issus de tous les milieux sociaux-professionnels. C'est un business : des entreprises se sont créées pour exposer ces fiches, d'autre pour les retirer. C'est 400$ environ pour en effacer une des 80 sites les plus consultés, 140 pour éviter que votre photo n'apparaisse (mieux vaut prévenir). La Californie a légiféré qu'en cas de non condamnation les fiches devaient disparaître sous 15 jours, gratuitement. Dans l'Oregon il est illégal de les publier. En tout à ce jour 5 états seulement sur 50 protègent plus ou moins l'image du contrevenant.

Il a les joues creuses, elle a perdu quelques dents en haut. Sa gueule a été cassée par la méthamphétamine, la sienne par l'alcool. Lui, comme beaucoup, présente des malformations du visage : le front trop haut ou trop bas, le nez aplati...

Ils sont exposés au regard de tous : collègues, famille et voisins, inconnus du web dont je suis. Attention, on compte parmi eux de vraies ordures très certainement. Mais mis à ce pilori 2.0. moi je les trouve beaux. Tous.
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