lundi 15 juillet 2013

Cold Case...

Quelques minutes avant de prendre place avec lui dans le vol Paris-New-York du 27 octobre 1949, la virtuose Ginette Neveu montre à Marcel Cerdan son violon, un Omobono Stradivarius de 1730 acheté à l'atelier parisien du luthier Vatelot en 1935 (père auquel ce Vatelot-ci allait succéder après-guerre).

Ginette, qui prépare un récital américain de 17 concerts, voyage également avec un second violon, un Guadagnini tout autant inestimable. Les deux instruments sont protégés par un étui robuste, renforcé par du cuir de crocodile.

Quelques heures plus tard, Ginette et Marcel, tout comme la totalité des 46 autres passagers du Lockheed Constellation F-BAZN, périssent dans l'un des crash aériens les plus célèbres de l'histoire de l'aviation. L'équipage, probablement trompé par des interférences radio provenant de l'aéroport voisin de Séville, se trompe d'une bonne centaine de kilomètres et percute le mont Redondo, 80 kilomètres au sud de leur destination. Air France inspecte l'épave et enquête sur le premier accident aérien de la liaison Paris New-York.

Quelques semaines plus tard, des enquêteurs montrent deux archets à Vatelot, le luthier. Il les reconnait, ils appartiennent effectivement à Ginette Neveu. L'un (un superbe "Fleur de Lys" de W.E. Hill & Sons) est en très bon état ; il a été retrouvé dans les mains d'un musicien amateur de Sao Miguel, l’île où l'on a retrouvé l'épave. Il l'a rendu bien volontairement. L'autre (un Chardon) est en pièces. L'étui de la la violoniste a été également retrouvée. Intact à l'exception de quelques entailles profondes, le cuir a joué son rôle. Mais vide.

Les violons ? Une source affirme que le musicien à l'archet jouait sur un très vieux, très mal. Les enquêteurs n'auraient pas un seul instant pensé qu'il puisse avoir une quelconque valeur. Et puis une rumeur tenace raconte qu'un musicien un peu fou joue effectivement fort mal à la terrasse d'un café du coin. De retour sur Sao Miguel, plus de musicien, pas plus de trace des violons.

Des années plus tard la volute du Guadagnini a refait surface à Paris. On croit qu'il a été au moins partiellement détruit par l'accident. Quant au Stradivarius, il demeure à ce jour introuvable. De là à imaginer qu'il puisse aujourd'hui encore prendre la poussière sur une étagère, dans l'humidité marine d'une petite île des Açores...

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