jeudi 24 janvier 2013

Blood on the dance floor

Crédit photo :  Pierre Holtz / UNICEF CAR
Tu t'embêtes un peu, en fait, alors tu picoles un peu plus que nous autres faute d'avoir trouvé ta place dans un des petits cercles qui délimitent les discussions de la soirée. Tu es intéressant, pourtant, danseur, chorégraphe, tu as voyagé... c'est peut-être toi qui ne te sens pas en verve mais peu importe. On parle, tu bois, ça dure une petite heure...

A un moment pourtant tu relèves la tête, un mot t'a tiré de ta demi-attention (la guerre au Mali peut-être). Tu racontes, très vite, un peu trop fort : en 1971 tu avais 16 ans. L'attaque, à l'aube des mercenaires portugais. Ta mobilisation. Ton premier fusil, un Carbine 44.

On se tait maintenant, déconcertés. Je crois qu'on ne préférerait pas savoir.

"Si j'ai tué ?" En fait on ne VEUT PAS savoir.

"On tirait sur tout ce qui bougeait, les animaux..." Tu nous mets mal à l'aise.

"On avait peur alors on tirait le premier." Et là le plus bête d'entre nous t'interrompt d'un "Alors toi tu sais plomber l'ambiance !" lourdingue

Rires. J'ai honte.

Tu réalises qu'on s'en fiche, presque tous, et que ce silence que tu croyais attentif n'était qu'embarras. Tu te rassois, vexé. Tu vas demander à partir dans quelques minutes. Tu te ressers un verre de vin...
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