dimanche 8 avril 2012

Le passé des choses

Je l'ai retrouvée ce matin sous notre lit. Trente minutes de recherche et je l'identifie, une pièce de 20 dinars algérienne. Emise en 1992.


Elle a voyagé... Douze années durant elle est passée de mains en mains. Echangée des dizaines de milliers de fois sans doute. Elle est tombée au sol, a mérité les rayures qui décorent sa tranche. Cohabitation avec d'autres, usure, poche après poche. "TB", Très Beau, d'après la classification française (Relief restant : 50%, pièce identifiable: oui, légendes lisible : oui, reliefs partiels, absence de chocs : non, rayures visibles à l'œil). 

Témoin de la dépréciation de la monnaie algérienne. Quiconque l'avait en poche là-bas pour la dernière fois n'a pu acheter que le quart de ce que ces 20 dinars avaient pu lui offrir quand elle a été frappée.

Témoin de la quasi-totalité de la guerre civile. De la réconciliation. De l'angoisse d'une jeunesse prise entre les menaces de la dictature militaire et les violences d'AQMI.

Changée contre l'équivalent en euros (1.8060 au cours du jour), je suppose, par un français parti présenter des courts métrages pour le Centre Culturel Français d'Algérie. De passage chez nous pour quelques jours sur le chemin de son retour vers Clermont. Elle a du tomber de sa poche. Passer dans la mienne, confondue avec une pièce de deux euros. Et finir par s'échapper une dernière fois un soir. Rouler sous notre lit. Son histoire va continuer : je vais la garder précieusement jusqu'à ce qu'à mon tour je l'égare...
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