mardi 13 mars 2012

Les signes de reconnaissance


Il parle sans arrêt à son chien. Fort. Fait mine de lui reprocher de s'approcher un peu trop près de nous. Nous, les autres, ses pairs : il ne s'adresse pas à nous directement mais meurt d'envie que quelqu'un le fasse, le chien comme vecteur. Il a faim, ce beau dimanche de mars. Cette faim ordinaire, immense, d'attention. Faim de signes de reconnaissance, d'inclusion. Un signe de tête, un sourire. Un compliment. Un soupir excédé même. Tout est préférable au vide.

Inconsciemment, je vais passer les quinze minutes suivantes à ne pas établir le contact. Pourquoi ? Parce qu'il existe un marché de ces signes. Une économie, l'offre et la demande, des lois. On organise la pénurie. Le psychologue Claude Steiner le résume comme suit :

  • Ne demande pas les signes de reconnaissance dont tu as besoin (”Ils sont trop chers, on ne te les donnera jamais !”)
  • Ne donne pas les signes de reconnaissance que tu souhaites donner (”Tu n’en auras plus !”)
  • N’accepte pas les signes de reconnaissance dont tu as besoin (”En période de disette, il vaut mieux les stocker à la cave que les utiliser”)
  • Ne refuse pas les signes de reconnaissance dont tu ne veux pas (”Ceux là je peux me les offrir, ils sont moins chers”)
  • Ne te donne pas de signes de reconnaissance positifs à toi-même (”C’est du gâchis !”)





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